Oh moi, vous savez, je dis ça comme ça… (3)


Joëlle PICARD-CORDESSE

3. Les preuves !

Dans mes classes de première nous avons commencé un travail en grammaire :— nous révisons le chapitre sur les déterminants. Cette fois, je n’ai pas l’intention de faire découvrir ou construire un de ces concepts nouveaux et lumineux qui devraient tout changer pour tout le monde. L’objectif que je me fixe est très différent. D’une part, dans la lignée de quelques autres des consignes de travail que j’ai données depuis le début de l’année, faire accéder les élèves à un peu- plus d’autonomie en exigeant d’eux qu’ils apprennent à se servir de l’outil que représente le précis grammatical qui se trouve dans leur manuel — plus généralement à se servir d’une grammaire. D’autre part, les mettre en situation de critiquer une grammaire, et de découvrir par là-même le caractère relatif et second de ces règles qu’ils prennent pour des vérités absolues.

La consigne est de faire les exercices du livre en justifiant chacun des choix a l’aide du précis grammatical. Les élèves se regroupent ensuite par 5 ou 6 pour confronter leurs choix, et les justifications trouvées, se mettre d’accord, et noter sur une affiche d’une part les critères qui président au choix d‘un déterminant, d’autre part les preuves auxquelles ils se sont référés, rangées, par ordre. décroissant de, fiabilité. Le but de ce dernier travail étant de réhabiliter les preuves les plus sûres, celles qui ont été d’abord passées sous silence, comme l’intuition, les exemples semblables, les ça… sonne mieux”, ”c’est comme…”, et autres modèles concrets… et donc les pratiques d’apprentissage liées à la fréquentation et au pillage des textes… et bien sûr de faire mettre en lumière les contradictions apparentes, les approximations, les difficultés inhérentes à l’application d’un système théorique. Les règles sont toujours discutables, et il faut se rendre capable de les discuter. Car le livre de grammaire, le traité de grammaire sont: des documents qu’il faut apprendre a lire, à discuter, à exploiter comme n’importe quel autre type de document.