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P. Colombier et J. Poilroux partent d’une enquête « réalisée auprès d’ouvriers de la métallurgie et portant sur leurs images du français » (1977, p. 22) (les auteurs se réfèrent à Images d’une langue, le français, J. Périllat et S. Berton, CREDIF-ENS de Saint-Cloud, multigr. 1974). En s’en tenant à la partie de l’échantillon composée d’immigrés, ils disent que « les enquêteurs mettent en évidence trois niveaux de motivation », l’un qui se borne au désir de savoir réaliser un certain nombre d’actes langagiers précis (remplir un formulaire, écrire une lettre, etc.) ; un autre plus ambitieux qui touche à la formation et à la promotion professionnelle ; enfin un troisième, qui recouvre une aspiration au perfectionnement individuel, à la volonté de s’accomplir davantage. Et P. Colombier et J. Poilroux en tirent la leçon que « la typologie présentée par les enquêteurs manifeste la priorité de la motivation instrumentale… sur une perspective de « perfectionnement individuel » qui semble s’inscrire dans une ligne intégrative mais ne survient qu’en second lieu et pour une partie seulement des migrants » (id, p. 22). Il est facile de comprendre que tous les migrants ne souhaitent pas s’intégrer à la vie française, mais la préséance que P. Colombier et J. Poilroux accordent à la motivation instrumentale n’est pas aussi évidente qu’ils l’écrivent. À la lecture de l’enquête de J. Périllat, on a presque toujours l’impression opposée, celle que résument ainsi A. Pelfrène et J. C. Beacco : « Le besoin langagier n’apparaît que très rarement en tant que tel et constitue toujours un sous-ensemble de ce qu’on pourrait appeler le besoin de formation, ou le besoin de revalorisation » (dans A. Pelfrène et autres, 1976, p. 230). Et quand le besoin langagier apparaît en tant que tel, précisé sous la forme d’un « pour quoi faire», Il semble être toujours le résultat d’une élaboration, d’une construction visant à apporter une réponse concrète, familière, simplificatrice, à un malaise diffus beaucoup plus vaste.
1/ Ne saurons-nous donc jamais pourquoi les étrangers parlent français ? Ces zones
brumeuses d’incertitude vous pèsent. Vous souhaitez une clarté de bon aloi : allez en H.
2/ Vous vous doutiez que rien n’est simple, et vous respirez encore : allez en J.