L’égalité des langues : Utopie ou Méthode ?


Partout des guerres, partout la guerre. Partout les malaises et les insatisfactions des peuples opprimés et victimes d’injustices se manifestent sous la forme de rébellions haineuses contre le voisin, qu’il soit ou ne soit pas lui-même mieux loti ou responsable de leur situation.
La guerre a souvent des motivations économiques qui relèvent d’ un traitement juridique et politique. Mais le consensus qui rend possible dans les faits la mobilisation d’un peuple contre un autre se fonde sur un sentiment. C’est le sentiment d’appartenance à une communauté menacée et le réflexe d’identification de l’autre, n’importe quel autre, comme menace et ennemi. L’éducation à la paix ne peut donc se contenter d’être informative, morale, rationnelle. Elle doit réussir à modifier un type de réaction spontanée des peuples à la propagande guerrière des dominants. Elle doit toucher les affects, les sentiments, les réactions émotionnelles des personnes et des groupes. Ceci se fait par l’expérience vécue, non par le discours.
En prenant pour objet la réalité vécue des langues, le chantier que nous poursuivons au fil de nos rencontres se veut un lieu d’expérimentation vécue d’un paradigme de culture de paix qui ne fait pas l’impasse sur les besoins d’appartenance communautaire à des groupes sociaux identifiés mais les valide, en même temps qu’il en fait découvrir et aimer la fraternelle et incontournable solidarité.
On y révèle et stimule en chacun le désir supérieur de développement de son intelligence et de sa culture par la fréquentation de l’étrangeté et la curiosité de l’inconnu.
On y explore les effets de la rencontre à égalité de toutes les langues comme fondement d’un modèle de développement communautaire valable à toutes les échelles de la société. Par l’expérience nous y démontrons que les langues d’un individu ou d’un groupe polyglotte ne sont pas rivales mais partenaires de la construction des personnalités et des idées. Tous les humains sont fondamentalement polyglottes et c’est le monolinguisme idéologique de la pensée dominante depuis deux siècles qui en colonisant les esprits transforme de simples conflits d’intérêt en haines raciales et ethniques.
On peut alors utilement débattre de l’intérêt stratégique de construire le monde possible dans les esprits, et de lutter sur le terrain du pouvoir symbolique pour le reprendre aux riches, aux rapaces, aux financiers.

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