“Quel besoin avons-nous des langues des autres ?”
Quand les gens perdent leur langue maternelle, il est plus facile de les rendre esclaves, de les aliéner, de les manipuler. Quand ils refusent ce sort et défendent leur langue maternelle contre les autres langues, c’est la guerre. La solution du problème est que nous prenions collectivement conscience de la valeur que représentent les langues des autres pour nous-mêmes, et la pluralité des langues pour l’humanité. Ceci devient une vérité très concrète pour qui a l’occasion de découvrir le plaisir et l’intérêt de la pratique des langues des autres. Le projet que nous développons à Perpignan avec le Labo de Babel depuis 2001 se veut une contribution concrète à la construction active, pratique et intellectuelle, d’une véritable culture de paix : fondée plutôt sur le partage de la parole que sur son musèlement.
C’est notre hypothèse ; c’est une conviction pour certains : la question des langues a quelque chose à voir avec les enjeux d’une éducation pour une culture de justice et de paix. Elle a aussi quelque chose à dire à l’épistémologie des savoirs en général. Pouvons-nous en faire une certitude ? Il est patent que, pour beaucoup, s’intéresser aux langues étrangères est une question de goût, d’opinion, voire un risque régressif pour la démocratie, un enfermement d’esthète, ou un encouragement aux repliements identitaires et communautaristes.
Une controverse scientifique publique
Nous allons tenter d’y voir plus clair en organisant, pour ouvrir le Colloque 2007 de la Festa des Langues de Perpignan “Quelle intelligence, une langue !” une “controverse scientifique publique” à l’issue de laquelle nous espérons que des points de vue auront commencé de produire quelques-unes des idées neuves dont nous avons besoin pour comprendre et agir dans le monde d’aujourd’hui.
Pour préparer cette controverse, nous vous serions reconnaissants de bien vouloir répondre à la question en quelques paragraphes ou quelques pages, voire quelques lignes, du point de vue de votre spécialité, de votre expertise d’expérience (apport de connaissances et d’information pour le débat). Le but est de mettre en route la controverse, de faire émerger des divergences et des contradictions, de nous renseigner les uns les autres sur la nature réelle de ce débat, et sur les points qui restent à éclaircir. A partir des réponses que nous aurons reçues, un collectif décidera des interventions (et des intervenants) à proposer en ouverture de la séance publique pour leur aptitude à poser clairement les enjeux (ce qui s’appelle dans ce type de dispositif le “premier cercle”) et affinera le dispositif pour permettre que se mettent le mieux possible en relation les interventions que nous imaginerons alors possibles, ou dont nous serons amenés à passer commande, de la part de ce qui s’appelle un “deuxième cercle” …
Votre contribution ne vous engage pas à une communication orale tant que nous ne vous aurons pas sollicité(e) personnellement en en précisant les conditions. Mais elle peut être déterminante pour l’orientation de la discussion, et elle vous prépare à une intervention possible à un moment ou un autre de la “Controverse” ou du week-end. Un de nos objectifs est en effet d’ouvrir au maximum les possibilités de parole constructive pour tous. Invitez donc largement autour de vous. Merci d’avance de votre contribution.
le collectif de pilotage