Dialangues n°8 : Éditorial


Peut-on décrire une. pratique sans avoir l’air de proposer des leçons-modèle ? Peut-on ne pas décrire ses pratiques quand sur ces pratiques mêmes s’ancre et se fonde la conviction que l’on défend ? Ce numéro spécial grammaire ne pouvait qu’être centré sur les processus et les moyens d’une construction théorique inévitablement enjeu de batailles idéologiques dures, où l’argument concret de la réalité est le seul décisif. Réalité mouvante que celle d’une langue, toujours réinventée, toujours transformée par des pratiques créatrices, parole, écriture, quête et construction du sens. Réalité contraignante pourtant, structurée par l‘histoire des pratiques sociales. Structurer du mouvant peut apparaître comme une entreprise à risques. Or, à l’école on aime les terrains solides. « Mais enfin, pourquoi vous ne voulez pas nous balancer des règles ? » « C’est toute la question. Anodine en apparence, et qui touche pourtant aux fondements mêmes de tous les choix de société. Ce qui est important, ce n’est pas la grammaire, discours plus ou moins savant, plus ou moins éclairant, plus ou moins englobant, mais discours toujours, donc parole, prise de parti d’un qui “sait” sur la langue de tous. Ce qui est important, c’est ce qu’on en fait. Ce qui nous intéresse dans l’analyse de nos pratiques, ce n’est pas la forme qu’elles prennent, la forme change et se transforme en fonction: de la vie des projets dans lesquels elles; s’inscrivent. Ce qui compte c‘est le pari qui les sous-tend, et- la.-réalité qu‘elles révèlent et parfois contribuent à créer, et qui en confirme chaque jour davantage, s’il était besoin, L’émouvante justesse. Tous capables, c’est ce dont nos pratiques témoignent.