Catherine Hocquard
Parler du stage “Langue(s)”, ma parole, ce n’est pas facile ! La parole, nous l’avons prise. Nous n’avons pas arrêté de parler pendant cinq jours, de neuf heures du matin à minuit, dans ce lieu clos où nous avons travaillé et mangé ensemble. Vaines paroles ? Certes pas. Mais flots de paroles multiples et vivantes, polyphonie où nos voix, nourries de lectures et de rencontres différentes, se répondaient, s’accordaient, s’opposaient, se complétaient. Nous sentions que le temps nous pressait, que nous avions beaucoup à dire, sur tous les tons et dans tous les accents, et beaucoup à entendre. Chacun à la recherche de sa propre voix mais espérant aussi entendre mieux la parole des autres ; voix multiples de l’Histoire, par exemple*”, qui étaient tout à coup si proches que nous nous sommes tus, en proie à l’émotion : voix poétiques ou scientifiques, voix qui s’essaient ou s’affirment et qui reprennent, avec un évident plaisir, le refrain d’une chanson.
Langue maternelle ou étrangère ? Parlant du langage, grâce au langage, nous avons éprouvé ce lien intime et complexe qui nous unit au monde et à nous-mêmes. Jeux de mots , mots en jeu, enjeux. Vivant et analysant le pouvoir des mots, nous avons comparé nos cheminements, nos évidences, nos interrogations et nos contradictions.
Ces voix, rassemblées, mêlées à ce carrefour de La Rochelle, se sont maintenant dispersées mais leurs échos nourrissent nos réflexions et resurgissent dans de nouveaux dialogues.
* “Que s’est-il passé le 6 février 34” , démarche décrite dans L’Histoire, indiscipline nouvelle ouvrage collectif GFEN Michel Huber, éd.Syros, 1984, pp.183-197.
Catherine Hocquard