Atelier multilingue Collège-Lycée


Une rencontre inter-établissements qui se prépare toute l’année

Véronique Busson

 

Perpignan, Vendredi 4 mai 2007 : environ 150 collégiens du collège Mme de Sévigné et 50 lycéens du lycée Arago se sont rencontrés pour un enseignement mutuel de langues et un échange d’ateliers. Les ateliers étaient encadrés par une équipe de professeurs de langues : portugais, arabe, anglais, espagnol et FLE, mais ils étaient animés par les élèves qui pour la plupart enseignaient leurs propres langues.

Les ateliers

L’initiative vient d’une équipe de professeurs du collège Mme de Sévigné engagée dans un projet innovant de travail multilingue. En effet, ce projet sort du cadre du programme de langues dans la mesure où le travail mené en atelier consiste à travailler plusieurs langues à la fois en incluant les langues familiales des élèves. L’idée est à la fois d’approcher les langues par analogie plutôt que de se focaliser sur les différences, ainsi que de permettre aux élèves de s’exprimer dans leur propre langue et d’en faire bénéficier les autres. Le travail qui se mène dans l’atelier comme dans la classe d’accueil* où ce type de pédagogie est développé sur la durée, est mutuel, coopératif et non compétitif.

Sam, australien : « Ce matin à 9h, des élèves du lycée Arago sont venus nous voir faire des ateliers dans des langues étrangères. On a commencé avec un jeu de gymnastique mais personne ne voulait bouger et tout le monde était timide. A 10h, ce n’était pas pareil parce qu’il y avait de l’ambiance et tout le monde posait des questions. A 11h , on a participé à un loto (et j’ai gagné 2 fois parce que j’avais 2 cartes au lieu d’une).

Quelques remarques des élèves de la classe d’accueil

*Les élèves « ENAF » -nouvellement arrivés en France- ont double inscription. Ils sont en classe d’accueil où ils apprennent le français, à le parler, à le lire et à l’écrire et ils sont en même temps inscrits dans une classe du cursus scolaire qu’ils intègrent petit à petit, au fil de leur progression. Ces élèves ont réussi à présenter leurs langues. Au début, ils se sentaient nerveux, puis ils ont réalisé que d’autres parlaient leur langue, s’y intéressaient, l’apprenaient aussi en France. Maria, portugaise, dit qu’elle n’aurait jamais imaginé dans son pays que des non lusophones puissent s’intéresser au portugais. Cette découverte a été très agréable et sur le coup, très rassurante. Elle ne s’est plus sentie isolée et a pu continuer son atelier en confiance. De même pour Carina : « Ce matin, j’ai été très nerveuse. C’est la première fois que je « représentais ». Je connais beaucoup de Portugais. J’avais peur qu’on pense mal de moi parce que je ne parle pas bien le français. Maintenant, je n’ai plus peur ». Oliver, britannique, a trouvé drôle de voir les autres en situation inversée, c’est-à-dire embarrassés et ayant peur de n’avoir pas bien compris. Mourad acquiesce et ajoute que cette inversion de situation « enlève la différence » et qu’il se sent mieux à présent.

Lorsque je leur demande de trouver précisément ce qui a été positif et réussi dans l’expérience du matin, ils me disent qu’ils ont trouvé très agréable de travailler avec d’autres dans différentes langues dont la leur –c’est particulièrement le cas pour Zaïna, berbère-. Ils ont en plus vu des élèves et des professeurs contents, ce qui est particulièrement gratifiant. Ils ont réussi à mener un atelier malgré la difficulté de la langue, montrant ce qu’ils sont capables de faire, une fois ce problème évacué. Ils ont réalisé aussi qu’entre personnes de langues différentes, ils avaient mené à bien un excellent travail de groupe. Maria : « Ce matin s’est bien passé parce que j’ai travaillé avec Sam (anglophone), Kevin (hispanophone) et Oumelkheir (arabophone). Sam est très rigolo, il met tout le monde à rire ; Kevin est plus timide mais très rigolo quand même ; Oumelkheir est plus sérieuse, elle ne mélange pas le travail avec la rigolade, et moi, pour la première fois, j’ai présenté ma langue (le portugais) devant les autres en France. J’ai réussi à faire l’atelier multilingue alors que quand je ne connais pas les autres je suis timide mais aujourd’hui je crois que j’ai laissé ma timidité chez moi. Et comme ça, j’ai fini ma matinée très contente pour avoir fait la présentation et pour avoir travaillé avec Sam, Kevin et Oumelkheir. »

Le Sévigné,  Journal de la classe d’accueil, septembre 2009.

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